aujourd'hui il a ce regard, vous savez, le regard qui dit que ce n'est pas le bon jour
aujourd'hui n'est pas un bon jour.il est figé au milieu de la rue mais personne n'ose lui dire de bouger parce que c'est un de ces jours où il ne porte aucun masque et où il est facile de voir qu'il n'est pas le genre de gars à qui on demande de bouger, enfin vous savez.
wolfgang n'a pas la tête d'un mec sympa, pas quand il est calme, pas comme ça.
le visage grave, fermé, il contemple le ciel gris comme s'il l'avait personnellement offensé ; en réalité, wolfgang est juste songeur, pense à ce qui pourrait l'extirper de l'ennui morbide de cette journée trop calme, trop froide, trop fade. la vérité c'est qu'il est venu dans ce quartier dans l'unique but de calmer ce sentiment de besoin refoulée, même s'il ne le sait pas. oh non, il ne sait pas tout. wolfgang est vicieux, calculateur, manipulateur, même envers lui-même ; wolfgang sait comment se surprendre et wolfgang sait qu'il n'aime pas être surpris.
et encore une fois, il s'est fait avoir par sa confiance aveugle envers lui-même, s'est laissé guider dans sa naïveté vers l'assouvissement de ses pulsions les plus cruelles. alors wolfgang prend une cigarette et un sourire vient fendre ses traits, mais ce n'est pas son sourire moqueur habituel. c'est un sourire désespéré qui doit lui faire mal puisqu'il en tremble de tout son corps. il rit doucement dans sa folie discrète, offre le spectacle étrange d'un homme se laissant docilement emporter par la démence; mais aucun passant ne le remarque, ils sont tous trop occupés par leur empressement d'échapper à la pluie pour se soucier de lui. ah ces gens du nord, ils le laisseront noyer sa folie dans le silence.
ça le vexe un peu, wolfgang. il veut des spectateurs, des témoins, des victimes pour ses pertes de contrôle passagères. alors il regarde autour de lui, cherche la perle rare du jour et, au moment où il pose les yeux sur lui, il sait qu'il a trouvé son souffre douleur. un petit gars qui n'a rien d'imposant, pour une raison quelconque, éveil sa curiosité. son
instinct lui dit que c'est celui-là ou peut-être est-ce la démence qui parle, qui sait. mais, trop tard, le loup s'approche déjà de l'agneau. ah, il n'a pas d'excuse pour l'accoster, mais aucun prédateur n'a jamais éprouvé le besoin de se justifier.
wolfgang est à quelques centimètres de lui maintenant, l'autre l'a sûrement remarqué. il est plus grand, plus imposant et en tire une certaine fierté. une fierté malsaine, orgueilleuse qu'il ne cache pas, au contraire, il l'arbore comme un trophée, s'en pare pour augmenter sa confiance.
il tend le bras droit et, d'un geste vif et précis mais sans aucune violence, lui enlève un écouteur et se penche doucement à son oreille.
eh, gueule d'angeil ricane doucement, pour l'instant il se contente d'étouffer sa proie par sa présence malveillante qui lui dévoile un peu ce qui l'attend, histoire de la torturer, voir si elle est fragile mentalement. il la regarde dans les pupilles avec ses yeux rougoyants qui la défient d'avoir l'audace de courir pour échapper à ce qui va suivre.