deadly disease
il leur avait suffit d'attendre le bon moment, le bon jour. il leur avait suffit d'être patients, le doigt prêt à presser l'interrupteur — il leur avait suffit de compter jusqu'à trois et elles étaient sorties l'instant d'après, avaient avalé un nombre horrifiant de vies. s'étaient emparées des familles et les avaient déchirées d'un coup de croc, avaient disloqué des liens et brisé des coeurs en l'espace de quelques secondes. il leur avait suffit d'un souffle pour faire exploser la capitale, bombes enterrées des années — des siècles ? — plus tôt sous le sol de nausicaa.
il leur avait suffit d'un battement de cil, mais ça ne lui avait pas suffit.
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modern fairytale_ (deecare)

fairytale
no happy ending my dear
c'est toujours quelque chose d'intense - niché à l'angle mort de sa conscience, mais bel et bien présent. c'est caché entre deux râles frustrés, entre l'insatisfaction perpétuelle et la fascination la plus pure, la plus délicate. elle craint de dire la vérité comme de mentir, chacun d'une force en tous points non négligeable, en tous points proprement terrifiante. trois années qu'elle le voit, et pourtant il reste un mystère entier, une tâche obscure dans le cercle de ses relations.
elle n'aime pas ça.

elle n'avait rien à faire en ces lieux, intimement persuadée d'être saine d'esprit - elle n'avait rien à faire en ces lieux et rien ne l'empêche d'arrêter, si ce n'est la personne en elle-même. si ce n'est le goût prononcé de ce qui semblerait être illégal, la saveur acide de jeter l'éthique dans un coin innommable et d'en savourer les effets, les retours et, surtout, d'en admirer les conséquences désastreuses. elle a l'impression d'être accro, d'avoir goûté à l'inadmissible et d'être incapable de s'en détacher.
elle n'aime pas ça.

mais elle continue, inlassablement, à se glisser dans leur quartier commun ; à presser son pouce contre la sonnette, et à attendre. à attendre qu'il lui ouvre comme un prisonnier gracié, si proche et en même temps si loin de la délivrance. parce qu'elle a beau avoir parcouru du bout des doigts chaque centimètre carré recouvrant son épiderme, jamais elle n'a pu déchiffrer ce qui se lovait dans son regard, ce qui bouillonnait derrière son cuir chevelu.
elle n'aime pas ça.

c'est comme chercher à analyser l'impossible, à réaliser des souhaits sans queue ni tête - c'est comme utiliser l'excuse de l'instabilité pour satisfaire des besoins plus primaires - c'est comme foutre en l'air tous les principes qui la meuvent pour mieux les estimer ensuite. et c'est surtout comme un coup de poing dès qu'elle le voit, plus en tant qu'être qu'en tant que psychologue traitant.
elle n'aime pas ça.

un faux sourire déguise son manque de sommeil, une attitude désinvolte masque son malaise ; elle tente le coup en sachant parfaitement qu'il la connaît bien mieux qu'elle, qu'il saurait peut-être remarquer la moindre différence chez elle, alors qu'icare n'aurait pas mieux fait. la porte s'ouvre et son souffle s'échappe enfin d'entre ses lèvres déjà pincées, la légère tension dans ses épaules s'affaisse et elle ronronne. « de plus en plus lent. » ses yeux glissent tranquillement le long de son échine et embrassent ses clavicules, ses bras jusqu'à ses mains. sa simple présence - rassurante.
elle n'aime pas ça.

« j'ai un paquet de choses à te raconter, aujourd'hui. tu me fais entrer ? » le rictus de plus en plus large, les paupières légèrement plissées - comme si elle le défiait de s'y opposer, transpirant l'innocence et la provocation en même temps. la main appuyée sur l'encadrement de la porte, elle y fait tinter, crisser et gémir ses ongles dans l'impatience, l'esprit déjà plein de tout ce qu'elle lui dira en ce jour.

elle n'aime définitivement pas ça.



Ven 21 Oct - 15:04
Icare
70
189
18/09/2016
26 ans
ghost whisperer
karma


Les journées se ressemblaient toutes, chaque fois les mêmes têtes, chaque fois les mêmes discours, les même gémissements et les larmes qui les accompagnaient. Déplorables, toutes ces âmes en peine, à la recherche d'une lumière qu'ils pensaient que tu leur apportais un peu plus à chaque séance. C'était drôle, à force d'être désespérés, ils s'étaient tournés vers quelqu'un de moins abstrait que Dieu pouvait l'être. L'idée restait la même, pourtant. A leurs yeux, tu étais celui qui devait leur apporter la délivrance.

La délivrance, tu la leur donnais sous forme de prescriptions et tu leur disais qu'ils étaient malades, tu leur donnais un nom au hasard et ils avalaient tes paroles comme si tu étais le messie. Ce que tu aimais ton métier.

Au final, tu disais toujours à peu près la même chose, parce que tous les êtres souffraient des mêmes maux ; la dévalorisation, la culpabilité, la peur - une grande dépression collective qu'on avait appelé la vie. Sauf qu'aujourd'hui, le discours allait être différent, parce qu'aujourd'hui, le visage était différent. Aujourd'hui, c'était Icare. Icare, elle souffrait de la vie comme tout le monde, elle était devenue folle comme tout le monde et elle avait les pensées à l'envers comme tout le monde. Mais Icare elle était spéciale pour toi, et c'était quelque chose que tout le monde n'avait pas. Tu n'aurais pas pu poser de mots dessus ; elle s'associait aux souvenirs et à la tendresse, à la force appliquée à ses reins et la chaleur de son souffle, Icare elle s'associait à une vie déchirée que tu refusais de réparer - parce que si elle allait mieux, tu allais un peu plus mal, et quand elle allait mal, tu te sentais mieux.

Tu ouvres la porte. Et tu n'arrives pas à décider si sa remarque te fait rire ou souffler. Alors tu restes muet un instant et tu lui souris, le regard glissant le long de sa fine silhouette. Et ses yeux. Tu fais un pas en arrière et la laisses entrer.

── Et toi de plus en plus rapide. Il adresse un coup d’œil à l'horloge accrochée au mur. Tu peux prendre rendez-vous plus tôt si je te manque tellement, tu sais.

Tu fermes la porte derrière vous et tu la laisses avancer jusqu'au salon - c'est qu'elle n'avait plus besoin que tu la guide, de toutes façons. Tu t'installes dans le fauteuil en face de celui dans lequel elle s'affale. Tu ne prends pas de carnet, ton téléphone reste sur le bureau derrière et tu la fixes. Elle est une de ces rares personnes que tu écoutes jusqu'au bout, qui capte ton attention avec des faits futiles - sans importance, aucune. Une de ces rares personnes avec qui tu ne hoches pas la tête pour te donner un air attentif, parce qu'elle n'a pas besoin de ça.

── Comment vas-tu ? et ce paquet de choses à raconter ?

Stable, et son regard qui voyage de ses yeux à ses mains, ses doigts fébriles et puis de ses lèvres à ses jambes frêles. Et un vague sourire au bout de tes lèvres, tu te demandes si elle prend ses médicaments, mais la question attendra, tu attends.



© UNE PIZZA

Jeu 27 Oct - 20:58
Deerhan Khan
19
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23/08/2016
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Psychose
karma
modern fairytale_ (deecare)
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